Au mois d'avril dernier, prisonniers d'un virus qui s'imposait à nos sociétés, nous nous demandions ce que deviendrait le monde si le théâtre, le spectacle vivant, les rassemblements, le partage de l’art et des histoires venaient à disparaître ? Comment grandira-t-on sans lieu pour se questionner, pour rire, pour vibrer collectivement ? Ces questions nous ont amenées à décider collectivement de maintenir le festival du Théâtre du Roi de Coeur cet été. Dans ce contexte si particulier, c'est avec joie et enthousiasme que nous dévoilons l'affiche officielle et la programmation détaillée de cette 7ème édition.
La fête aura bien lieu !
C'est avec une joie immense que nous avons reçu la validation de notre protocole sanitaire par la Préfecture de la Dordogne. Le Festival du Théâtre du Roi de Coeur se déroulera du 11 au 22 août 2020, à Maurens et Bergerac, dans le plus grand respect des règles sanitaires en vigueur.
Depuis le mois d'avril nous travaillons au maintien de notre rendez-vous annuel, poussés par notre fougue et notre désir de partager ce moment d'évasion avec vous.
Il nous a semblé important dans cette période sombre d'assumer notre responsabilité d'artiste, d'organisateur, de citoyen, de vecteur d'émotions et de liens.
La crise sanitaire nous a obligés à nous réinventer et être créatif.
La semaine dernière, La Préfecture a validé le protocole sanitaire que nous lui avions soumis, permettant à notre fête d'avoir lieu. Tout au long du festival, nous l'appliquerons donc scrupuleusement; il en va de la santé de tous et de la pérennité du Théâtre du Roi de Coeur.
Ce protocole exige que chacun d'entre nous, organisateurs et spectateurs confondus, adopte un comportement nouveau, fait de ces gestes et précautions devenus quotidiens depuis de nombreuses semaines. Le port du masque sera obligatoire pour tous les déplacements sur le festival. Une fois assis, le spectateur pourra évidemment nous dévoiler son sourire. Le terrain sera plus ouvert, un sens de circulation y sera indiqué, et des bornes de distribution de gel hydro-alcoolique seront installées à chaque endroit où elles sembleront nécessaires.
Evidemment, notre jauge va diminuer et il va falloir que le public se répartisse sur l’ensemble des dates. Autrement dit, si vous le pouvez, venez dès le premier jour du festival !! En semaine !! Tout le temps.
Nous avons mis en place un système de billetterie en ligne.
http://theatreduroidecoeur.fr/billetterie
Une place réservée est une place achetée. Ainsi, nous évitons au maximum les longues files d’attente et les échanges de monnaies.
Tout cela sonne comme un grand carnaval résistant dont nous nous souviendrons longtemps : ce sera l'été des masques, des retrouvailles, du soleil et du Théâtre!
|
Ici, pas de 12 coups de minuit, ni de citrouille qui se transforme en carrosse. Sandra, depuis la mort de sa mère, se force à ne jamais l'oublier plus de cinq minutes pour qu'elle ne meurt pas tout à fait. Des situations cocasses et de merveilleuses rencontres vont la guider sur le chemin du deuil. Une comédie humaine remplie de féérie.
> Note d’intention de la metteuse en scène :
J'ai choisi de monter Cendrillon de Pommerat car je trouve que cette pièce est une formidable porte d'accès au deuil, au travail de deuil, elle est un apprentissage de la vie avec ce qu’il a de cruel, de surprenant, bouleversant, drôle, violent, encourageant, émouvant.... Ici le conte de fée est désenchanté, le prince n'est pas charmant, il n'y a pas de citrouille qui se transforme en carrosse. Le merveilleux se trouve ici dans la beauté des rencontres, beauté qui donnera aux personnages un furieux désir de vivre. La mise en scène aura une singulière étrangeté, les délimitations de la maison -en verre- dans laquelle vit toute la famille seront tracées au sol, il n'y aura aucun mur derrière lequel se cacher, si ce n'est ceux que l'on se construit.
Maud Bouchat
Dans Jean de la Lune on découvre que le satellite terrestre est habité par un petit être qui s’appelle Jean de la Lune. Spectateur solitaire et mélancolique des humains qu’il voit danser au clair de lune, jean rêve de quitter son astre pour découvrir cette Terre et sa joie prometteuse. En s’accrochant à la queue d’une comète il rejoint un beau jour la terre. Seulement les hommes prennent peur face à l’étranger et après avoir lancé après lui l’armée, la police hargneuse, les pompiers, les savants et les journalistes ils finissent par le jeter en prison. Avant de rentrer chez lui en catimini, aider par un savant « fou », Jean aura tout de même le temps de découvrir la nature terrestre, la fête sous le masque, et l’amitié profonde.
> Note d'intention du metteur en scène :
« Si j'ai conçu des livres d'enfants, c'était d'une part pour amuser l'enfant que je suis, et d'autre part pour choquer, pour faire sauter à la dynamique (sic) les tabous, mettre les normes à l'envers. Ce sont des livres subversifs, néanmoins positifs " Tomi Ungerer.
Tomi Ungerer est considéré comme l’un des plus grand auteur-illustrateur de la littérature jeunesse. Il a marqué des générations d’enfants. Sa folie, son arrogance et son enfance éternelle ont toute leur place sur le festival du Théâtre du Roi de Cœur. J’ai trouvé dans la poésie de l’auteur un écho puissant à la créativité des acteurs du TROC. Jean de la lune est une ode à la tolérance qui dézingue sur son passage le capitalisme, les politiques contemporaines de migration, l’autoritarisme et les préjugés faciles. Nous nous sommes saisis de cette histoire pour 40 minutes de couleur, de fête, de course-poursuite, de rire, de chant, de danse, de marionnettes, de bêtises et d’amitié. Nous avons fait de ce spectacle un rendez-vous emprunt d’une douce nostalgie qui embarquera, nous en sommes sûrs, toute la famille.
Félix Beaupérin
Voici Le Suicidé, farce en cinq actes, qui commence comme toute bonne farce se doit de commencer : par un bon gros saucisson de foie enfoncé à demi profond dans la bouche grande ouverte d'un affamé de pauvre. Ce geste est interprété par sa femme comme une tentative de suicide. Une succulente histoire nourrie à l'humour sauvage russe et au faux patriotisme stalinien fait de délations et de surveillance.
> Note d’intention de la metteuse en scène :
«Je n'ai pas une très bonne opinion du Suicidé. Mes camarades les plus proches considèrent que cette pièce est un peu vide et nuisible. (…) Néanmoins, je ne m'oppose pas à ce que le théâtre fasse une expérience et montre son travail. Il n'est pas exclu que le théâtre atteigne son but. (…) Vous serez supervisés par des camarades qui connaissent la chose artistique. Je suis un dilettante dans ce domaine. Salutations.« Je n'ai pas une très bonne opinion du Suicidé. Mes camarades les plus proches considèrent que cette pièce est un peu vide et nuisible. (…) Néanmoins, je ne m'oppose pas à ce que le théâtre fasse une expérience et montre son travail. Il n'est pas exclu que le théâtre atteigne son but. (…) Vous serez supervisés par des camarades qui connaissent la chose artistique. Je suis un dilettante dans ce domaine. Salutations.» J. Staline
Bien qu'il ait censuré la pièce et déporté son auteur au goulag, le dictateur avait raison : le théâtre a atteint son but. Armé du rire bouffon de la farce, Nicolaï Erdman signe un texte fou. Le Suicidé provoque un rire magistral sur le principe desprogien du « rire de tout, de la guerre, de la misère, de la mort » pour par-dessus tout VIVRE « n'importe comment, mais vivre. », comme le hurle Podsékalnikov, notre héros. Objet du complot qui s’échafaude à son égard, il est fauché et inconnu. Il rappelle nos héros en jaune qui trônaient sur les ronds points.
Une envie profonde de rendre hommage aux impécunieux et aux modiques, de les porter aux nues sur la fresque historique, de faire un pied de nez au « système », de résister en faisant la nique, de botter, avec humour, en touche.
Camille Durand-Tovar
« Illusions » raconte l’histoire de deux couples, mariés depuis plus de cinquante ans. Celui de Dennis et Sandra, et celui de Margaret et Albert. Proches les uns des autres, ils ont partagé une grande partie de leur vie dans la convivialité, la complicité et la bienveillance. Mais du haut de leur âge avancé, la mort, qui menace les quatre personnages, va étrangement contaminer leur amour, qui lui-même va étrangement contaminer leur amitié. Et de révélations en bouleversements, c’est toute leur histoire commune qui va prendre les couleurs les plus improbables et les plus déroutantes.
> Note d’intention du metteur en scène :
La puissance et l’originalité d’Illusions, pour moi, résident dans l’épure quasi conceptuelle avec laquelle la pièce aborde la mort, l’amour et la vérité. Trois sujets des plus fondamentaux, éminemment théâtraux, pris d’une manière si frontale que ça en devient comique, et qui sont comme trois faces d’un tétraèdre, dont la quatrième –la base- serait la vie. En lisant la pièce, j’ai eu la sensation d’observer les quatre personnages évoluer dans cette drôle de cage, alors même que ma perception de celle-ci se modifiait au fil des pages. Sur l’arête de la Mort, on les voit repeindre la face de la Vérité. Au centre de la Vie, on les voit maculer l’Amour. A chaque angle de l’Existence, de nouvelles couleurs semblent apparaitre comme de nouvelles équations qui se bousculent et se contredisent, désorganisant toute leur matrice, et remplaçant, à chaque fois, une réalité par une autre. Ou une illusion par une autre, c’est selon. L’auteur joue avec ses personnages comme il joue avec ses lecteurs, alternant tendresse et sadisme, mêlant humour et tragique, usant de la fiction pour sans cesse démasquer le réel, et proposant la poésie comme seule réponse possible aux mystères de notre monde. C’est un formidable carnaval philosophique dans lequel nous sommes baladés et que je souhaite restituer par la parole.
Martin Jaspar