Rappel : La Der des Ders Titre Provisoire...
Un spectacle qui, à travers des textes et des chansons, rend hommage aux combattants de la Grande Guerre, à tous ceux qui ont souffert durant ce conflit mais aussi aux auteurs des textes et des chansons choisis. Créé en décembre 2015, il était donc présenté en pleine commémoration du centenaire de l'armistice.
L'action de La der des ders se déroule dans un cabaret parisien L'oiseau de paradis, promis à la démolition. Deux habituées évoquent leurs souvenirs d'artistes dans ce lieu, leurs amours durant la guerre 14-18, prétexte à une évocation plus générale et un brin chronologique de ces temps troublés. La petite histoire qui rejoint la grande.
A l'origine, ce spectacle était une commande de chansons de guerre mais leurs recherches documentaires ne les ont guère inspirées. Pauvreté de la musique, aspect militariste et patriotique de textes datés, expliquent-elles, les ont rebutées. Elles ont préféré, avec la metteure en scène, Myriam Anzecot, formée, comme Isabelle Gazonnois, au Théâtre du Soleil, mettre en scène des textes de Blaise Cendras, Céline, Remarque mais aussi de Colette, Giono, Genevoix, Proust, Dorgelès et redonner vie à des chansons sur ou de cette époque : facétieuses comme Veuve de guerre écrite par Marcel Cuvelier, exotiques comme La petite tonkinoise chantée a capella, moqueuse comme La guerre de 14-18 de Brassens ou très graves, anti-militaristes comme la magnifique chanson de Craonne (interdite par le commandement militaire qui menaçait de peloton toute personne prise en train de la chanter) superbement interprétée par Isabelle Gazonnois.
Dans le spectacle, on entend aussi la chanteuse dire, pour mieux faire résonner le texte, la chanson de Montéhus de 1923 La butte rouge. Quand un soldat, une chanson de Francis Lemarque, est la parfaite illustration de cette guerre où les hommes sont partis le 2 août 1914 la "fleur au fusil tambour battant", pensant que ce conflit n'allait pas durer alors qu'il fût une véritable boucherie avec 18,5 millions de morts. Seulement 1,4 millions seront honorés sur les monuments aux morts, comme l'indique le spectacle qui donne quelques chiffres pour montrer l'ampleur du gâchis. En hommage, une liste d'hommes célèbres décédés est lue par Isabelle Gazonnois (Charles Péguy, Guillaume Apollinaire, celui qui écrivait "Ah Dieu, que la guerre est jolie"...) à laquelle succèdent des noms d'inconnus.
La chanteuse retrouve la lettre qui lui annonce la mort de son amant qu'elle lit avec beaucoup d'émotion. Accompagnée au piano, Isabelle Gazonnois dit le célèbre poème d'Arthur Rimbaud, Le dormeur du Val.
Le spectacle réussit le pari de retracer, d'une manière très sensible, la Grande Guerre. La profondeur des textes, les mélodies en disent plus long que de grandes conférences pour décrire l'horreur de la guerre et la méprise du peuple : "on croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels" (Anatole France). Parce que cette guerre était loin d'être la dernière, "titre provisoire", précise-t-on, textes et musiques plaident surtout en faveur de la paix.
Les deux artistes, la comédienne se faisant chanteuse, la pianiste se faisant comédienne, parviennent à nous faire rire et à nous émouvoir et font entendre aussi bien les pauvres paysans du Sud Ouest que les grands écrivains. Amoureuses du déguisement, espiègles à la moindre occasion, elles se mettent en scène, en particulier Isabelle Gazennois, en adoptant des habits de troufion
Tous ces éléments donnent un rythme au spectacle qui évite ainsi de plonger dans le pathos, tout en dénonçant la tragédie de la Guerre jamais achevée. Des femmes, enfin, pour accomplir ce devoir de mémoire et mieux représenter l'absence de ceux qui ont combattu dans l'un des pires conflits de notre Histoire.
Je venais d'avoir 18 ans.
Je fus à lui seul toute entière,
De son vivant
Mais le jour de la fête,
On me conte fleurette.
Peut-être qu'on aurait pas pu
Si je n'avais pas tant bu.
Comme j'étais couchée sur le ciment,
On a pu facilement devenir mon amant.
Si ça devait arriver,
C'est que ça devait arriver.
Tout dans la vie arrive à son heure.
Il faut bien qu'on vive.
Il faut bien qu'on boive.
Il faut bien qu'on aime.
Il faut bien qu'on meure.
Mon amant est mort à la guerre.
Je venais d'avoir 19 ans.
Je fus à lui seul toute entière
De son vivant,
Mais quand j'ai appris ça,
Je ne sais ce qui se passe,
Je ne sais quelle folie,
Je ne sais quelle furie :
En un jour, je pris 3 amants
Et puis encore autant
Dans le même laps du temps.
Si ça devait arriver,
C'est que ça devait arriver.
Tout dans la vie arrive à son heure.
Il faut bien qu'on vive.
Il faut bien qu'on boive.
Il faut bien qu'on aime.
Il faut bien qu'on meure.
Tous les six sont morts à la guerre,
A la guerre que font mes amants.
Bientôt, chez nous, y aura plus guère
D'hommes vivants
Mais quand un seul restera,
J'épouserai celui-là.
On sera enfin tranquille
Jusqu'au jour où nos filles
En seront aussi au moment
De prendre des amants
Comme leur pauvre maman.
Si ça doit arriver,
C'est que ça doit arriver.
Tout dans la vie arrive à son heure.
Il faut bien qu'on vive.
Il faut bien qu'on boive.
Il faut bien qu'on aime.
Il faut bien qu'on meure.
Il faut bien qu'on vive.
Il faut bien qu'on boive.
Il faut bien qu'on aime.
Il faut bien qu'on meure.
La guerre de 14-18 Parole et musique Georges Brassens
Depuis que l'homme écrit l'Histoire,
Depuis qu'il bataille à cœur joie
Entre mille et une guerr' notoires,
Si j'étais t'nu de faire un choix,
A l'encontre du vieil Homère,
Je déclarais tout de suit' :
" Moi, mon colon, cell' que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit ! "
Est-ce à dire que je méprise
Les nobles guerres de jadis,
Que je m' souci' comm' d'un' cerise
De celle de soixante-dix ?
Au contrair', je la révère
Et lui donne un satisfecit
Mais, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Je sais que les guerriers de Sparte
Plantaient pas leurs epé's dans l'eau,
Que les grognards de Bonaparte
Tiraient pas leur poudre aux moineaux...
Leurs faits d'armes sont légendaires,
Au garde-à-vous, je les félicit',
Mais, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Bien sûr, celle de l'an quarante
Ne m'as pas tout a fait déçu,
Elle fut longue et massacrante
Et je ne crache pas dessus,
Mais à mon sens, elle ne vaut guère,
Guèr' plus qu'un premier accessit,
Moi, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Mon but n'est pas de chercher noise
Au guérillas, non, fichtre ! non,
Guerres saintes, guerres sournoises,
Qui n'osent pas dire leur nom,
Chacune a quelque chos' pour plaire,
Chacune a son petit mérit',
Mais, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Du fond de son sac à malices,
Mars va sans doute, à l'occasion,
En sortir une - un vrai délice ! -
Qui me fera grosse impression...
En attendant je persévère
A dir' que ma guerr' favorit',
Cell', mon colon, que j' voudrais faire,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Le 21 octobre 1914, Arras devient l’une des villes martyres de France. Le beffroi, symbole des libertés communales s’effondre au 69ème obus entraînant dans sa chute le fier lion d’Artois. Avec Reims, Soissons, Verdun, Ypres, Malines ou Louvain, Arras devient un symbole … celui de l’art martyr. Jusqu’en 1915, les multiples bombardements de la ville, les destructions de son patrimoine seront relayées dans la presse nationale, notamment sous la plume de Maurice Barrès …. Puis la ville martyre sombre dans l’oubli jusqu’à sa renaissance en 1919.
Quand un soldat Parole et Musique Francis Lemarque
Fleur au fusil tambour battant il va
Il a vingt ans un cœur d'amant qui bat
Un adjudant pour surveiller ses pas
Et son barda contre ses flancs qui bat
Quand un soldat s'en va-t-en guerre il a
Dans sa musette son bâton d'maréchal
Quand un soldat revient de guerre il a
Dans sa musette un peu de linge sale
Partir pour mourir un peu
A la guerre à la guerre
C'est un drôle de petit jeu
Qui n'va guère aux amoureux
Pourtant c'est presque toujours
Quand revient l'été
Qu'il faut s'en aller
Le ciel regarde partir
Ceux qui vont mourir
Au pas cadencé
Des hommes il en faut toujours
Se fout des serments d'amour
Elle n'aime que l'son du tambour
Quand un soldat s'en va-t-en guerre il a
Des tas de chansons et des fleurs sous ses pas
Quand un soldat revient de guerre il a
Simplement eu d'la veine et puis voilà...
Le Monument aux Basques : La 36ème Division d’Infanterie au Chemin des Dames … Cette division est en majorité composée de mobilisés originaires des Landes, des Hautes et Basses Pyrénées. Elle combat à plusieurs reprises sur le Chemin des Dames, et fait figure de division martyre, en raison de l’importance des pertes qu’elle subit dans la défense ou l’attaque de positions difficiles, notamment entre Hurtebise et Craonne et sur le plateau de Californie. En septembre 1914, la 36ème DI tente de conserver les positions françaises sur la crête du Chemin des Dames, mais en vain. Du 4 au 6 mai 1917, elle prend d’assaut le plateau de Californie et réussit à l’occuper. Les pertes sont tells que deux brigades doivent être supprimées, faute d’effectifs. Après une courte période de repos, la 36ème DI remonte en ligne, et subit une forte contre-attaque allemande les 3 et 4 juin 1917. De retour sur le Chemin des Dames le 15 septembre 1918, elle attaque dans le secteur d’Allemant. Les combats font rage jusqu’à la retraite des Allemands en deçà de l’Ailette, en octobre 1918.