Mosaïques a présenté Vendredi 27 Avril :
La Mer Entre Nous Côté spectateur
Une nouvelle radiophonique
en direct d’Augusto de Alencar
avec Augusto de Alencar et
Marie-Caroline Revranche "Lousse"
Vendredi 27 Avril 2018 à 20h30
SAINT SEURIN DE PRATS 24230 Salle des Fêtes
" Mosaïques " poursuit mois après mois son travail culturel de terrain dans les salles du canton de Montaigne et Gurson. Vendredi 27 avril, les bénévoles avaient transporté et installé le matériel à Saint-Seurin-de-Prats pour la représentation de « La mer entre nous », une œuvre musicale et parlée qui nous était venue des marches de la Nouvelle-Aquitaine, de l’ex-Poitou-Charentes, portées par deux artistes hors du commun : Augusto de Alencar, franco- brésilien, musicien multifacétique mais aussi compositeur, chanteur et surtout précis metteur en son et en image et Marie-Caroline Revranche (ou Lousse), la sensualité d’une voix aux tessitures diverses, j’oserai la définir comme chileno-française tant elle a intégré, par sa maîtrise du « cuatro »(1) apprise au Chili (par le hasard d’un déplacement professionnel familial) la profondeur de l’âme latino-américaine.
« cuatro » petit instrument à 4 cordes de la famille des guitares
Si j’ai signalé la double sensibilité culturelle des protagonistes du spectacle c’est parce que le sujet qu’ils illustraient en musiques et en chants était en prise directe avec l’actualité : la difficulté des migrations humaines, les problèmes de l’adaptation à une autre culture au quotidien. Les questions que se posent tous les migrants : garder sa culture ou choisir l’autre ? Mélanger les deux en une riche recette personnelle ? Les questions que se posent les habitants du pays qui accueille : ouvrir les bras ou les fermer selon les craintes, les peurs ou les solidarités de chacun, refuser ou accepter l’autre et ses différences.
Avec finesse et sensibilité Augusto de Alencar avait choisi un douloureux fait-divers qui s’était déroulé en Angleterre : la mort d’un migrant, par balles tirées par l’armée, sur le quai d’une gare, à cause de son attitude hésitante, de ses vêtements, de son allure différente. Image symbolique de l’étranger qui, arrivant, aurait dû se débarrasser de son enveloppe originelle, aurait du tout savoir du pays où il ne faisait que passer. Image symbolique du refis de l’autre qui, en réalité, nous fait nous questionner sur nous-même en réveillant nos préjugés xénophobes.
Une curiosité artistique supplémentaire fut que les spectateurs, à leur gré, ont eu la possibilité (grâce à une petite astuce matérielle -distribution d’un masque occultant par la compagnie-) d’assister au spectacle comme écoutant une émission radiophonique.
Ce spectacle a été encore une fois la preuve (comme le précédent « Piheup ») que l’association « Mosaïques » ne se contente pas de distraire. Elle joue pleinement son rôle d’éducation populaire en milieu rural en apportant des moments de réflexion sur le monde d’aujourd’hui. Moments pour tous illustrés par des musiques, des textes, des couleurs. Il est dommage que le public ne se soit pas déplacé à la hauteur des espérances car tous les présents sont repartis pleinement satisfaits de leur soirée.