Genèse de " Pilheup " spectacle de la compagnie l'Aurore du Vendredi 30 mars :
La Compagnie l'Aurore
" Pilheup "
Le garçon seul dans la ville
Création Janvier 2018
Ombres, Marionnettes, Théâtre
Vendredi 30 Mars 2018
salle culturelle de Vélines 24230
Adultes 8 € Collégiens 4 € -12 ans gratuit
En partenariant avec le Conseil Départemental, les SIVOS de Vélines et Villefranche et la commune de Vélines
Frédéric Vern, Metteur en scène
Presque tout, dans ce projet, trouve son origine dans la relation qui me lie au Cambodge et à sa capitale, Phnom Penh.
Il y a d'abord la foule des sensations recueillies au fil de mes voyages.
Le sourire et la curiosité des Khmers, le chant de la langue sur les marchés, la rapidité des métamorphoses de Phnom Penh, l'atmosphère tour à tour grouillante et sereine de la ville, la chaleur accablante et la puissance des pluies de mousson, le parfum des épices et l'odeur entêtante de la pâte de poisson, la majesté du Mékong et le rougeoiement des soleils couchants, la circulation foutraque et les rues
infranchissables, la beauté des corps – vifs et sombres, la somme des bruits de la ville, la saveur veloutée des mangoustans, le vent de la nuit dans mes cheveux, à l'arrière d'un moto-dop, et les rues défilant à toute allure.
Il y a aussi l'Histoire, qui est comme une plaie qui ne cicatrise pas. Elle semble apparaître à l'ombre de chaque sourire, comme dans celui des bouddhas des temples d'Angkor. Cette histoire terrifiante, qui à la fois me fascine et me sidère.
Les années de guerre civile, les bombardements américains, et l'utopie khmère rouge qui devient génocide. L'élimination des élites, la négation de toute culture, la réduction en esclavage de tout un peuple. Et la ville de Phnom Penh vidée, en un seul jour, de ses deux millions d'habitants. Et, 40 ans plus tard, dans une paix si fragile, l'espoir et l'appétit de liberté des jeunes Cambodgiens, leurs rires et leur insouciance...
Il y a la culture khmère.
En premier lieu, celle d'avant les Khmers Rouges : les traditions de la danse, de la musique et du théâtre (que mes amis de la Compagnie Kok Thlok tentent de restitue rà leur peuple), la puissance et la beauté sacrée du théâtre d'ombre. Mais aussi la discographie foisonnante de la scène rock avant la terreur, et l'étonnant cinéma de la même époque, dont il ne reste que quelques traces.
Il y a enfin tous ces artistes d'aujourd'hui, comme des témoins d'un traumatisme qui donne une force considérable à leur oeuvre : je pense aux films de Rithy Panh et de Davy Chou, aux photos de Mak Remissa, aux bandes-dessinées de Tian ou Séra, aux toiles de Van Nath …
Et puis il y a moi. Et toutes ces choses que je ne m'explique pas.
Cet attachement si profond à un pays auquel rien ne me liait. Ces images de végétation envahissant les constructions humaines – images qui m'habitent depuis toujours. Ce questionnement, intime et universel, sur les notions de transmission, de legs, d'héritage – sur les traces du passé. Mon rapport à l'enfance, aussi : la mienne –que j'essaye de ne pas laisser s'effacer, celle de ceux auxquels je raconte des histoires, celle de la fille ou du fils que j'aurai peut-être un jour. Et enfin cette intime conviction que l'imaginaire (et notamment celui - si libre – des enfants) est la plus puissante des armes face à la violence du Monde.
" Mosaïques " a déjà présenté de la Compagnie l'Aurore ;